Les Olympiades


Paris XIII

Les Olympiades, un film de Jacques Audiard (2021) : la photo de ce film tourné en noir et blanc avait capté mon attention et éveillé ma curiosité. Après l’avoir vu je m’étais dit qu’il fallait que j’aille photographier cet endroit. L’opportunité s’est présentée au début du mois d’avril lors d’un séjour dans la capitale française. J’emprunte l’escalator qui me mène sur la dalle et immédiatement je suis pris dans cet univers géométrique et vertical. La lumière de fin d’après-midi est douce. Le lieu est étrangement désert, là au beau milieu de Paris agitée. Mexico, Sapporo, Athènes, lointaines villes olympiques, sont réduites à la condition de polyèdres de béton armé par la volonté et la démesure des architectes de cette utopie urbaine des années 70. La concentration ordonnée de toutes ces petites cellules de vie ainsi que les bouches d’aération qui se dressent au milieu de la dalle évoquent un énorme navire. Les gestionnaires initiaux du lieu avaient recruté le personnel de maintenance dans la marine.

Je poursuis ma progression vers le niveau supérieur et vers le sud jusqu’à l’endroit où la dalle s’interrompt brutalement, là où les promoteurs ont décidé que l’utopie devait s’arrêter. En bas, à la verticale, ce qui reste des voies de chemin de fer pénétrant sous la dalle, dans l’ancienne gare marchandise des Gobelins. A l’extrémité sud, des ados font des cascades à skate-board sur le toit d’une cabine électrique. Ils écoutent du rap. Je m’attarde sur l’esplanade supérieure, je photographie. Au bout d’un long moment, je retraverse en sens inverse cet Atlantide déchu pour me réveiller dans Paris au pied de l’escalator que j’ai emprunté en arrivant. Je pense à Louvain-la-Neuve en Belgique, ville nouvelle et universitaire bâtie de toute pièce au milieu des champs au début des années 70. Les petits polyèdres de briques et de béton abritant étudiants, habitants et commerces côtoient amphithéâtres en béton et petits espaces verts avec, sous la dalle, la gare voyageurs et ses tableaux ferroviaires de Paul Delvaux.






Recent Portfolios