Louvain-la-Neuve est une ville nouvelle. Elle fût bâtie de toute pièce au milieu des champs à partir du début des années 70 dans le but de déménager les facultés francophones de l’Université Catholique de Louvain. Elle est aujourd’hui une ville de plein exercice, bien plus qu’un simple campus. De nombreux habitants y ont élu domicile.
Habitations individuelles, immeubles commerciaux, bâtiments universitaires, infrastructures publiques, locaux industriels, monuments, espaces verts s’imbriquent de manière plus ou moins harmonieuse et forment une architecture urbaine tout à fait particulière. Les quelques vieilles bâtisses qui préexistaient à la naissance de la ville comme la Ferme du Biéreau, aujourd’hui reconvertie en centre culturel, ont été conservées et intégrées au tissu urbain. Les bâtiments des années 70 à l’architecture audacieuse et aux accents corbuséens, que l’on trouve au Biéreau, à l’Hocaille ainsi que dans le centre urbain historique, ont fait place à des constructions plus conventionnelles à mesure que la ville s’étendait. Il n’existe pas de style architectural néo-louvaniste à proprement parler. Il existe malgré tout une unité urbanistique portée par la présence de nombreux espaces verts et par le caractère piétonnier de l’ensemble. Le centre urbain construit sur une dalle sous laquelle se déploient les voiries constitue une curiosité innovante très réussie.
Les détracteurs de Louvain-la-Neuve diront que tout cela n’est pas si beau, que les bâtiments vieillissent mal et que la ville manque de mixité sociale. Je laisse la mixité sociale aux études sociologiques, j’admets que certains bâtiments parmi les plus anciens ont grand besoin d’un rafraichissement mais je persiste à trouver le projet urbain très réussi et porteur d’une esthétique remarquable.
J’explore et je photographie Louvain-la-Neuve avec mon drone depuis quelques mois et je suis fasciné par ce que j’observe. Beaucoup de bâtiments dévoilent des formes très particulières : les locaux Pythagore et Curie, d’allure banale au niveau du sol, révèlent des motifs subtils vus d’en haut. La Place des Wallons et la Place des Sciences sont étonnantes observées depuis leur exact aplomb. Beaucoup de bâtiments tels celui de la Louvain School of Management, la polyclinique ou les auditoires Montesquieu ont des cours intérieures invisibles depuis la rue. Certains groupes d’habitations forment un ensemble à l’esthétique très forte : la rangée de kots à projet aux Blancs Chevaux, le petit quartier attenant à l’Eglise Saint-François ou encore tout le quartier des Bruyères autour de la Place des Rondes Bosses.
Il a neigé abondamment mercredi passé. J’ai immédiatement emporté mon drone pour photographier la ville, sur le chemin du travail, au lever et à la tombée du jour. Le vent et le brouillard m’ont compliqué la tâche mais je suis quand-même parvenu à prendre les très beaux clichés que je présente dans cet article.
La neige a ce pouvoir de tracer des lignes bien nettes entre les divers éléments du paysage urbain rendant la vue globale très graphique, modulaire. Au lever et à la tombée du jour, la lumière naturelle et l’éclairage urbain sont sublimés.
Les zones de parking extérieures sont probablement la découverte la plus inattendue de ces sessions de prises de vues. Les détails et les contrastes de chaque petit emplacement de parking, des arbres séparant les rangées, des allées où la neige a fondu ainsi que le rendu de l’ensemble dévoilent une composition fractale d’une froide beauté graphique qui évoque la peinture chinoise classique.
Ces clichés accomplissent le potentiel esthétique de l’architecture urbaine de Louvain-la-Neuve et fondent mon désir d’en poursuivre la découverte.